Panzani sécurise son blé dur 100 % français
Depuis 2019, l’industriel transforme uniquement du blé dur français. Pour sécuriser ses approvisionnements, il met en place, avec un groupe de coopératives et de négoces sélectionnés, la démarche Blé responsable français (BRF).
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Pastier et semoulier depuis 1950, Panzani achète chaque année un tiers du blé dur produit en France, soit environ 470 000 t, pour fabriquer des pâtes et de la semoule exclusivement françaises. 260 000 t sont utilisées pour les pâtes vendues sous marque Panzani.
L’industriel possède deux sites de transformation, l’un au nord de Paris, dans les Hauts-de-Seine, où il dispose d’un moulin à Gennevilliers, pour la trituration des graines, et d’une usine de pâtes sèches à Nanterre. Le second est dans les Bouches-du-Rhône. Deux moulins et une usine de pâtes sèches se trouvent à Marseille, tandis que la fabrication du couscous se fait à Vitrolles. « Pour approvisionner ces deux unités, nous jouons la proximité afin de réduire notre empreinte carbone, confie Albert Mathieu, président de Panzani depuis janvier dernier. Sur la zone Nord, sont transformées 170 000 t de blé dur livrées par les coopératives Axéréal, Terris Union, Centre Ouest céréales et le négoce Pissier. Dans le Sud, arrivent 300 000 t apportées du Sud-Ouest par Arterris et du Sud-Est par trois coops, CAPL, Duransia et Drômoise de céréales. Nous privilégions les circuits courts, y compris pour la distribution de nos produits dans tout l’Hexagone. »
Testé de A à Z
Afin de sécuriser ses approvisionnements en blé dur, surtout après plusieurs années marquées par la diminution de la sole, liée à une rémunération peu engageante, Panzani a lancé la démarche Blé responsable français (BRF), en partenariat avec les organismes stockeurs. L’industriel investit en amont, avec les semenciers RAGT et Florimond Desprez, dans la sélection de nouvelles variétés, si bien que cinq sont proposées dans le référentiel BRF. Celles-ci sont conçues pour résister aux aléas climatiques et aux maladies, et pour s’adapter aux différents types de sols. Elles sont ensuite testées sur le terrain. « Nous avons débuté en 2016 avec les opérations de stockage des OS et, depuis deux ans, nous réalisons des expérimentations dans les champs pour mettre au point notre cahier des charges, indique Cécile Renault, directrice R&D et RSE chez Panzani. Nous possédons un grand laboratoire de R&D à Marseille où nous développons de nouvelles techniques analytiques. En 2021, nous avons testé 15 000 t de blé dur issues de chez Arterris. »
Trois engagements BRF
La démarche BRF comprend trois engagements de la part de Panzani. Tout d’abord, l’achat de blé dur 100 % français, ce qui est le cas depuis 2019. « Nos produits, simples et naturels, ne sont fabriqués qu’à partir de blé et d’eau, détaille la responsable R&D. La provenance tracée de nos approvisionnements nous permet de garantir leur qualité. » Panzani souhaite, par ailleurs, protéger l’environnement et participer à ramener la biodiversité dans les campagnes. L’industriel demande pour cela aux producteurs de semer 1 000 ha de bandes fleuries et d’installer 5 000 nichoirs perchoirs à oiseaux d’ici 2025. L’objectif est aussi d’atteindre, cette année-là, le zéro résidu de pesticide. « Notre cahier des charges interdit déjà, depuis six ans, certaines molécules au champ et durant la conservation du grain », note Cécile Renault. En 2022, Panzani devrait transformer 70 000 t de blé dur BRF et vise 260 000 t en 2025.
« Les bandes fleuries prendront la place de mes cultures SIE, si bien que je ne perdrai pas de surface en blé dur, témoigne Vincent Jonquières, agriculteur qui produit 100 ha de blé dur BRF dans le Lauragais (Haute-Garonne). Cette culture nécessite un suivi très fin de l’itinéraire technique et l’utilisation d’OAD pour amener les quatre apports d’azote fractionnés au bon moment. Le dernier se met à la dernière feuille pointante pour obtenir le taux de protéine demandé (13,5 %), moins de 20 % de mitadin et un poids spécifique supérieur à 78. Cela signifie qu’il faut visiter régulièrement ses parcelles pour ne pas manquer le bon stade. Le tout en visant la pluie. »
Panzani verse une prime de 20 €/t pour aider ses partenaires BRF. Celle-ci est partagée entre les agriculteurs qui reçoivent 12 €/t pour compenser les efforts demandés sur les cultures, et les OS qui touchent 8 €/t pour les investissements logistiques (séparation des récoltes BRF) et le travail sur les méthodes de conservation du grain sans insecticide. « Panzani nous propose, depuis 1995, des contrats pluriannuels de trois ans, précise Jacques Groison, directeur du pôle agricole d’Arterris. C’est ensuite la coop qui garantit l’adhésion de ses coopérateurs à la démarche et vérifie la bonne application du cahier des charges. » « C’est une fierté pour nous de produire du blé dur, en sachant qu’il finit dans l’assiette des Français. C’est une vraie reconnaissance de notre savoir-faire », se félicite l’agriculteur.
Florence Jacquemoud
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